Histoires Des Invitées
Brillante Liaison (2)
Par Rubberjohn
Nous sommes en octobre 2013… Emma et Peter sont attablés à la terrasse d’un pub en Cornouailles et savourent leur pale ale. Il pleut. Ils sont bien sûrs seuls à affronter la pluie. Pour eux, affronter n’est certainement pas le mot juste. Il faudrait plutôt dire… savourer. Mais il faut revenir à cette brillante rencontre qui à Paris, sur le parvis de La Défense, leur avait fait se découvrir mutuellement.
Peter prend tendrement la main gantée de latex d’Emma et lui dit : « Nous étions tellement tendus lors de notre premier rendez-vous. J’avais tellement envie d’être à la hauteur mais je ne connaissais pas vraiment le niveau et la nature de tes attentes. Nous avions flirté et montré notre goût mutuel pour le vinyl et les impers vernis, mais cela ne suffit pas pour réussir une relation. »
« Au contraire », ajoute Emma. « Tout ceci peut virer dans la factice, la parodie ou carrément sombrer dans le ridicule ! J’avais aussi très peur d’en faire trop, et trop montrer mon désir de réussir quelque chose avec toi en sortant le grand jeu. Je me sentais vraiment belle ce soir-là, sûre de moi, mais je craignais d’être très, trop… explicite ! Je voulais que tu deviennes enfin mon amant latexé, que nous sortions de l’ambigüité pour croquer à pleines dents ces plaisir que j’avais connus avec mon précédent amant, et qui me manquaient. Mais je n’étais pas sûr que tu sois le bon !»
« Tu te souviens de la tête que faisait la serveuse quand elle est venue prendre notre commande. On se dévorait des yeux, et elle nous contemplait silencieusement attendant que nous bougions. Mais ni l’autre ne l’avions remarqué ! Il faut dire qu’avec nos kilos de latex et de vinyl nous ne passions pas inaperçus… Moi je trouve que j’étais plutôt classe en Mugler ! » sourit Emma. D’ailleurs je ne le quitte plus ce tailleur pantalon vinyl, même au bureau. Mon président m’a dit la semaine dernière que c’était la tenue favorite pour les négociations avec les clients allemands ! »
« Je n’en doute pas depuis l’affaire de Rothschild à Genève ! Tous fétichistes ces banquiers ! Tu es sûre qu’ils ne sont pas en combinaison latex sousleurs costumes, comme toi d’ailleurs ?» rajoute Peter en riant. « Moi aussi j’étais inquiet, un peu ballot avec mes vêtements latex que je ne sentais pas naturels, encore timides dans mes convictions fétichistes surtout moins à l’aise que toi et très inquiet à l’idée d’un refus de ta part ! »
« Que de chemin parcouru depuis cette soirée, il y a moins d’un an , tu es devenu le plus pervers fétichiste que je connais et je m’en réjouis chaque jours », reprend Emma. « Je me souviens de chaque détail ! Nous avons vite quitté ce bistro pour aller chez toi… Ton champagne était excellent, et quand tu t’es enfin décidé à m’embrasser, très vigoureusement, j’en ai même renversé une grande partie sur mon tailleur ! Quel gâchis ! Enfin tu me tenais dans les bras, toujours sanglé dans ton macintosh… Tu as commencé à me caresser et c’était bon… Je me souviens très bien de ta réaction quand tu as senti les anneaux de mes seins sous le chemisier en latex. Etonné et ravi, non ? C’était plutôt un bon signal ! »
« Je me doutais bien que tu avais eu une vie vraiment dépravée avant moi ! Mais je ressentais tout à coup plus durement mon inexpérience avec cette confirmation ! J’ai bien progressé depuis, non ? » .
« Il est clair que quand je t’ai proposé qu’on mette chacun un anneau à notre sexe pour sceller notre union, ta réaction a été plutôt conservatrice ! »
« Un point pour toi, mais avoue que je n’ai pas été long à me laisser convaincre »
« Oui, tu es un excellent élève et l’élève dépasse le maître ! »
La pluie redouble, et la température fraîchit, et ils décident de quitter le pub pour marcher le long de la mer. Le vent se met à pousser la pluie en grandes vagues. Mais leurs tenues sont à toute épreuve. Tous les deux portent un long macintosh en SBR, une capuche serrée, des gants épais en latex et des bottes en caoutchouc. Tenue normale en ce lieu, plus que place de l’Etoile où ils s’étaient donné rendez-vous ce premier soir ! Mais sous leurs cirés, ils portent aussi chacun une combinaison de latex , elle-même recouvrant des sous-vêtements en latex. C’est pour Emma et John une tenue naturelle depuis qu’ils ont décidé de vivre ensemble leur passion commune sans hésiter à l’afficher publiquement. Longeant la plage, ils se font régulièrement tremper par les paquets de mer poussés par le vent. Ils adorent l’un comme l’autre ces grandes ballades dans les éléments. Là encore Emma avaient déjà vécu avant John des plaisirs intense mais n’a pas eu beaucoup de peine à convertir John au charme du caoutchouc en pleine nature. Ils recherchent les lieux où la pluie et le vent sont le plus souvent au rendez-vous et leurs vacances aux Iles Shetland combinaisons latex intégrales, ou en Norvège sont l’occasion d’un festival de tenues caoutchoutées, impers SBR, masques, waders… Chaque fois Emma, forte de ses expériences antérieures, poussait Peter à innover. Mais en quelques années ils étaient devenus l’un comme l’autre des fétichistes chevronnés.
Emma fait quelques pas en direction de la mer, mais Peter prudent, la rattrape et la fait revenir sur la plage pour rentrer à l’hôtel. Depuis qu’ils sont ensemble, ils ont décidé d’explorer sans limite leur passion et découvert chaque aspect caché de leur personnalité. Emma est plus volontiers dominante, mais adore être dominée. Plus réservé, John se sent confortable dans la situation de dominé mais n’hésite pas à revêtir l’habit du cruel dominateur où il démontre un véritable talent. Tour à tour, ils se sentent à l’aise dans ces découvertes. John a poussé Emma à explorer l’homosexualité, pour être dans la confortable position du voyeur que recherchent beaucoup d’hommes, mais si elle aime ces échanges féminins elle en écarte résolument John pour accroître sa frustration et il y trouve un réel plaisir.
Ils se retrouvent passionnément dans leur aventure commune et partagée, un fétichisme sans limite qui les conduit non seulement à écarter de leur garde-robe tout matière conventionnelle en dehors de la sphère sociale, mais à porter le plus souvent une pièce fétichiste dans leurs pratiques de tous les jours, ce qui est beaucoup plus facile pour Emma qui depuis fort longtemps a habitué son entourage à ses fantaisies vestimentaires en et vinyl que pour John victime du conformisme masculin. Leurs escapades fétichistes sont une vraie libération face à ces contraintes. Ils pratiquent assidûment tous les événements fétichistes européens, mais ils ont fait aussi de leurs vacances dans ces pays humides une véritable passion qui les a même conduit à écrire un « Guide des vacances fétichistes »
Rentrés à l’hôtel, Peter et Emma fatigués par leur promenade , décident de se reposer et pour cela, sans quitter aucun de leurs vêtements trempés par la pluie et les embruns, se glissent l’un et l’autre dans un sac de couchage épais en latex où ils ne tardent pas à s’endormir comme ils ont coutume de le faire.
Novembre 2013
Paris à nouveau. Emma qui continue sa brillante carrière d’analyste qui la mène dans de nombreuses villes du monde revient de New-York. Peter, non moins constant dans sa réussite professionnelle, rentre de quelques jours à Berlin. Pour fêter leur anniversaire de rencontre, ils avaient décidé de se faire faire chacun un nouveau tatouage, sans se concerter, tatouage devant expliciter un choix d’orientation de leur relation pour les années à venir. Un tatouage, c’est un engagement fort et irréversible. C’est ce soir qu’ils doivent se découvrir et pour cela ils sont nus ce qui leur arrive très rarement. Chacun se prépare et ils se retrouvent dans le salon, portant chacun un peignoir en latex. Emma a quand même mis une cagoule et des gants latex et Peter a suivi la consigne d’une totale nudité. IL lance un pièce de monnaie en l’air et dit « Face je me découvre le premier, pile c’est toi ». C’est pile est Emma entrouvre son peignoir pour faire apparaître sur le pubis un très large « Slave » en lettres majuscules noires absolument visibles à plusieurs mètres. Peter est interloqué par ce choix surprenant et audacieux et se précipite sur elle pour l’embrasser.
« Incroyable, Emma ! Magnifique, mais quel message ! « Peter, c’est un cadeau, mon cadeau mais avant de t’expliquer je veux voir ton tatouage ». Peter s’exécute et laisse tomber au sol son peignoir latex. Sur le pubis également, un autre mot, moins visible, mais non moins impliquant « Chastity ».
Emma n’en revient pas ! « Quoi, Peter tu es prêt à faire cela pour moi ? «
Peter répond en la serrant dans ses bras… « Oui, Emma, je veux apprendre à te désirer sans jouir. Je veux ressentir ton odeur, ta voix, tes lèvres l’humidité de ton sexe et vivre intensément ce désir sans me précipiter sur une éjaculation aussi intense qu’éphémère. Je veux te faire ce don ! «
« Mais moi aussi, Peter, je veux changer, je veux faire un choix aussi définitif que mon tatouage. J’ai beaucoup essayé, tenté de choses au cours des années qui se sont écoulées. Je veux cette fois m’engager fortement, sans papillonner, sans goûter mille plaisirs. Je souhaite ardemment me fixer. J’ai pensé que tu aurais envie que je fasse ce choix de m’offrir à toi et à tous tes désirs, sans limite. Mais je n’étais pas sûr que tu acceptes, aussi je n’ai pas ajouté Peter’s à slave, mais si tu me le demandes je le ferai au plus vite»
« Bien sûr, je suis honoré par ton choix, mais avant de l’accepter je veux être sûr que tu en mesures les contraintes. Bien sûr nous avons beaucoup joué, échangé nos rôles, à notre grand plaisir. Mais si tu désires devenir mon esclave, cela signifie que tu n’aurais plus de choix. Que tu subiras ma loi, te surtout celle de ceux ou celles que je pourrais aussi mandater pour exercer mon pouvoir sur toi. Cela veut dire que tu te prives de liberté, dont celle de me quitter. »
« Mais ne crois –tu pas que ton choix à toi, chastity, est moins impliquant ? Si nous nous engageons avec notre énergie habituelle, c’est un nouveau chemin pour notre couple et notre vie. Ce n’est pas le plus simple. Tu acceptes de ne pas jouir, en tout cas au sens habituel du terme, etj’accepte d’être ton esclave. J’y ai beaucoup réfléchi, je ne suis plus une gamine, j’ai connu des plaisirs, des amants, je veux maintenant être privée de tout choix et m’en remettre aux tiens, quoi qu’il m’en coûte pour ma dignité, le respect de mes désirs, et même mon intégrité physique. Et j’ai conscience de dire « je veux » peut-être pour la dernière fois ! ».
« Emma, je ne suis pas surpris par le fait que tu ais réfléchi, mais je sens sur mes épaules le poids de ta décision. Serais-je le maître que tu recherches? Nous n’avons pas beaucoup exploré ensemble le monde du plaisir et de la douleur, nos essais, concluants certes, sont restés encore superficiels. Es-tu vraiment sûre de vouloir aller plus loin avec moi ? Ne crains-tu pas de réveiller un torrent de passions incontrôlées aussi bien chez moi que chez toi ? C’est un chemin risqué pour nous deux ».
« J’en suis consciente et j’assume. J’ai d’ailleurs rédigé un projet de contrat que je me propose de te faire signer en même temps que j’ajouterai Peter’s à mon tatouage. Le fétichisme ne me suffit plus, je veux entrer dans un monde de soumission réelle et certainement définitive. Je suis prête à arrêter tout travail, à vivre recluse, tondue, enchaînée, nuit et jour, à être livrée aux tortures les plus dures. J’y pense souvent quand je suis enfouie sous les couches de latex devenues trop confortables, rassurantes. Mon corps et mon âme exigent plus désormais. »
« Emma tu m’impressionnes, tu m’inquiètes aussi ! Nous n’avons jamais évoqué cela, ta carrière est brillante, tu gagnes beaucoup d’argent, tu peux encore progresser. Te priver de ces performances brillantes est un sacrifice immense que je ne saurai exiger. «
« Non Peter, crois-moi j’ai bien réfléchi, je suis prête dans mon corps et dans ma tête. Certes tes tortures ont été toujours bien tendres et affectueuses. Mais je suis convaincue que tu as la capacité d’aller plus loin, de m’aider à m’engager dans cette vie encore floue mais dont je sais qu’elle réponde à mes années d’attente et de désirs. Mais tu es aussi prêt toi à cesser de jouir, ne me fais pas la leçon ! »
Sans prévenir, Peter pousse Emma au sol sur le ventre et la pénètre brutalement en lui plaquant la main sur la bouche et le nez pour l’empêcher de respirer. Elle se laisse faire sans résistance, pour la première fois… Il accentue le rythme de sa pénétration, sans aucun ménagement, ses seins plaqués sur la moquette lui font mal, mais elle écarte les jambes pour faciliter le mouvement alors qu’il la laisse respirer tout en maintenant fermement la main sur la bouche. Il ne tarde pas à jouir en elle et la libère. Elle se retourne vers lui, le visage plein de larmes. « Peter, accepte de me prendre pour esclave, je t’en supplie, ce sera mon dernier acte de femme libre ! «
Il la relève et chacun se regarde, ému par l’intensité de la scène qui vient de se produire entre eux. Leurs relations jusqu’alors très équilibrées viennent de prendre une dimension nouvelle. Il a aimé la violenter, lui si gentleman. Elle a aimé subir sa loi, elle si rebelle.
John, après quelques instants de silence, reprend la parole. « Emma, donnons-nous un peu de temps pour réfléchir. Ce que tu proposes est beaucoup plus impliquant que ce que je propose. Au fond, j’en tirerai plaisir, un plaisir profond, de cette chasteté qui correspond à mon désir de prolonger indéfiniment le désir pour ne pas avoir en en subir la brutale diminution d’intensité que provoque l’orgasme. Je suis gagnant. Toi tu es prête à renoncer à tout ce que tu as construit, à abandonner cette belle personnalité, fière, combative, qui m’a séduite par son audace. Et si je ne t’aimais plus un jour ? Si je te brisais, vraiment ? »
« Et bien c’est très simple, ou tu me vends, ou tu mets fin à ma vie » répond Emma comme s’il s’agissait d’évidences. « J’ai longuement réfléchi, tu sais. J’ai beaucoup lu. Il y a dans « Histoire d’O » un passage qui m’a beaucoup troublé. Sir Stephen n’aime plus O et elle décide de mourir. Pauline Réage écrit « Il existe une seconde fin a? l’histoire d’O. C’est que, se voyant sur le point d’e?tre quitte?e par Sir Stephen, elle pre?fe?ra mourir. Il y consentit. «
Quelle belle phrase, quel beau destin ! Je crois que dans mes rêves éveillés je pense aussi à cela ». Peter est stupéfait par ces propos. « Tu m’inquiètes vraiment et en même temps j’avoue avoir aussi été troublé par cette même phrase, littéraire, romantique. Mais de là à passer aux actes, il y a un immense chemin que je ne suis pas prêt à accomplir. » « Pour le moment », dit Emma, en prenant le sexe de Peter dans la bouche…
Il ne tarde pas é éjaculer et Emma avale son sperme, ce qu’elle ne fait jamais.
Puis l’un et l’autre revêtent leur combinaison latex , leurs gants et ajoutent un masque à gaz. Peter attache les mains d’Emma dans le dos et lui lie les chevilles. Puis il l’ade à s’étendre sur le drap latex et la recouvre d’un autre drap en latex également. « Fais des rêves intenses, Emma. Donnons nous six mois pour réfléchir à tout ceci, à notre changement de vie. Imaginons vérifions toutes les hypothèses, écris-moi la liste de tes désirs. Aide –moi à te comprendre. Nous déciderons ensemble. Irrévocablement. Puis nous agirons. » Emma lui répond « oui, Peter, mais ma décision est déjà prise... Pense à mon nouveau tatouage. Pense au tien également»
Brillante Liaison 3 (suite)
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